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31 Décembre
2022 : Pour votre réveillon
Il
y a depuis quelques jours dans les
rues d’Aix-en-Provence de grandes
affiches avec une belle photo de
Sophie Joissains, maire de la ville,
souhaitant à ses administrés de bonnes
fêtes de fin d’année. Le poste qu’elle
occupe semble d’ailleurs être une
propriété familiale, mais une
propriété à éclipses. Son père, Alain
Joissains, a en effet été maire de la
ville entre 1977 et1983, mais accusé
d’avoir financé une partie des travaux
de la villa de son beau-père avec des
fonds municipaux il est condamné à
deux ans de prison avec sursis. Et
c’est là qu’intervient
l’éclipse : un maire UDF puis un
maire PS lui succèdent.
En
2001 c’est au tour de sa mère, Maryse
Joissains-Massini, d’être élue maire
en 2001. Celle-ci prendra d’ailleurs
son mari, l’ancien maire, comme
directeur de cabinet jusqu’en 2015.
Mais au cours de ses mandats (elle
sera élue quatre fois) elle est mise
en examen pour trafic d’influence et
détournement de fonds. Condamnée à un
an d’inéligibilité, elle fait appel et
la décision sera cassée un mois avant le
première tour de l’élection de 2020,
ce qui lui permet de se représenter et
d’être élue pour la quatrième fois, sa
fille Sophie étant troisième sur la
liste. Mais la maire mère (ou la mère
maire) est définitivement condamnée un
an plus tard et démissionne.
La
fille, Sophie, qui avait été
conseillère juridique de sa mère de
2002 à 2008, élue sénatrice en 2008 mais
restant deuxième adjointe de sa mère
de maire (ou de sa maire de mère).
Elle quitte alors le sénat pour
devenir maire de la ville en 2021. Au
total, la famille a donc dirigé la
ville pendant 26 ans, plus d’un quart
de siècle.
Quel
intérêt que tout cela,
direz-vous ? Ce soir, vous allez
sans doute réveillonner, manger,
boire, rire, raconter des histoires.
Alors je vous propose de lancer des
paris. Par exemple, combien d’années
encore cette propriété familiale
va-t-elle se poursuivre ? Un
petit-fils ou une petite-fille d’Alain
Joissains sera-t-il un jour élu au
même poste ? Quel est l’avenir de
Sophie Joissains ? Bref, laissez
courir votre imagination. Mais ne
pariez pas trop d’argent. D’une part
ce peut être dangereux pour vos
finances. Et d’autre part, vous
risquez d’attendre très longtemps pour
savoir qui a gagné et les placements à
long terme ne sont pas toujours
rentables.

28 Décembre
2022 : Le jeu des faux culs
Vous
connaissez
le Scrabble ? On y joue avec des
petits carrés de plastique sur
lesquels il y a une lettre et un
chiffre indiquant leur valeur:
plus les lettres sont rarement
utilisées et plus grande est leur
valeur. Par exemple, dans la version
française, la lettre E ne vaut que 1
alors que X ou Z valent 8 . En
outre, en les déposant sur certains
carrés du plateau, on multiplie cette
valeur par deux ou trois. Le jeu
consiste à écrire des mots à l’aide de
ces carrés, en se branchant sur l’un
des mots écrits par les précédents
joueurs. Il faut beaucoup de
connaissances et d’imagination pour
trouver les mots qui rapportent le
plus, mais il existe pour les
tricheurs une application que l’on
peut charger sur un téléphone
portable : on y entre
discrètement les lettres dont on
dispose et l’application vous propose
les mots possibles.
Bien
sûr, il peut y avoir des discussions
sur l’existence de tel ou tel mot et,
de façon générale, on utilise un
dictionnaire de référence, le petit
Robert ou le Larousse par exemple en
France. Mais, je ne le savais pas, il
existe in Dictionnaire officiel du
jeu de Scrabble, qui est la
seule référence dans les compétitions
officielles (oui, ça existe, et ça non
plus je ne le savais pas)
Or,
et c’est là que je voulais en venir,
une information vient de filtrer selon
laquelle ce Dictionnaire officiel pourrait bientôt interdire des
mots « sensibles », jugés
offensants. Les éditions Larousse, qui
publient ce dico, auraient reçus pour
leurs prochaines versions une longue
liste de ces mots : travelo,
boche, poufiasse, bamboula, tarlouze,
chicano, gogol… Il y aurait eu une
discussion serrée entre le comité de
rédaction de Larousse et l’entreprise
Mattel, propriétaire de jeu, et on se
serait mis d’accord sur une liste plus
restreinte.
Des
mots interdits dans le jeu de
Scrabble ! On ne peut plus jouer
tranquillement ? (J’exagère car
il y a bien longtemps que je n’y
ai pas joué). Mais voilà que le
politiquement correct s’infiltre
jusque dans nos activités ludiques…
Brassens, dans Le Pluriel,
garantissait : « au faisceau
des phallus on verra pas le
mien ». Je ne sais pas si phallus existe dans le Dictionnaire
officiel du jeu de Scrabble,
mais s’il était toujours là,
tonton Georges saurait nous mijoter
une chanson de son cru avec tous les
mots désormais interdits au Scrabble.
Ca pourrait s’appeler Le jeu des
faux culs. Avec un X. Qui peut
rapporter 16 ou 24 points.

18 Décembre
2022 : Un pays en avant du
régime chinois ?
Il
est rare que les régimes dictatoriaux
reviennent sur une décision, et ce qui
se passe actuellement en Iran en
témoigne. Pour ce qui concerne la
Chine, je n’en connais qu’un exemple.
Lorsqu’en 1949 les communistes
prennent le pouvoir, ils décident
d’abord d’instituer une langue
nationale, le pu tong hua («
langue d’unification »), défini par
sa prononciation (celle de Pékin),
son lexique (celui des dialectes du
nord de la Chine) et sa syntaxe (celle
de la littérature populaire). Le taux
d’analphabétisme étant à l’époque
très élevé dans le pays, il fut
aussi décidé pour faciliter l’accès
du peuple à l’écriture, de la
simplifier. Ainsi, en 1955, le
gouvernement fixa une liste de 515
caractères fréquents et de 54
particules dont on allait réduire le
nombre de traits (un seul exemple : le
caractère classique pour « cheval », 馬,
comportant neuf traits, fut remplacé
par 马 qui n’en comporte que trois) et cette
réforme fut rapidement imposée par
la presse, l’école, et surtout par
Mao lui-même dont le Petit Livre
rouge fut publié avec ces
caractères simplifiés. Puis, en
1958, on créa un système de
romanisation du chinois, le pin
yin. Mao voulait d’ailleurs
remplacer à terme les caractères par
le pin yin, pensant que le
chinois, comme toutes les autres
langues du monde, devait avoir une
écriture phonétique. Mais le pin
yin ne note pas les tons, et il
ne permettait donc pas de distinguer
entre les nombreux homophones. Ainsi
le son /ma/, sans indication de son
ton, peut correspondre à 馬 le
cheval, 媽 la
mère, 罵 injurier ou 嗎 une particule interrogative, qui tous
se prononcent /ma/, mais avec chaque
fois avec un ton différent. Et la
réforme en resta là. Mais, en 1977,
on décida de poursuivre la
simplification des caractères. Un
mouvement de protestation, mené en
particulier par l’écrivain Pa Kin , se
développa, arguant qu’on allait
défigurer la langue et perdre une grande partie
de l’héritage culturel han. Et le
pouvoir recula.
Il
vient donc de reculer une deuxième
fois, en mettant à la politique du
« zéro covid ». Les Chinois
ne peuvent toujours pas quitter le
pays, mais ils peuvent s’y déplacer
comme ils veulent, et on me dit que
l’île de Hainan, au sud du pays, une
sorte de Saint-Tropez chinois, est
envahie par des touristes fortunés
venus du nord. Le résultat ne s’est
pas fait attendre : le taux de
contamination est monté en flèche et
certains spécialistes prédisent un
million de morts à venir… Je ne sais
pas comment va réagir la
population : va-t-elle considérer
que le régime se libéralise ou que le
vaccin chinois est inefficace ?
Ce qui est sûr, c’est que la première
hypothèse a été immédiatement
contredite dans les faits : au
Tibet, on vient de lancer une
opération de fichage ADN, qui avait
déjà été menée chez les Ouighours
grâce à des « visites médicales
gratuites », gratuites mais
obligatoires. On se demande à quoi
peut bien servir ce fichage…
Alors,
libéralisation ?
Disons pour être modéré que si le
pouvoir communiste a fait un pas en
avant, il l’a fait suivre de trois ou
quatre pas en arrière.

7 Décembre
2022 : Florilège
Mon
dernier billet commençait par
« la politique permet parfois de
rire ». Nous
y revoilà. Le prix « Press club
humour et politique » a été
décerné pour l’année 2022 à Fabien
Roussel pour cette phrase :
« La station d’essence est le
seul endroit en France où celui qui
tient le pistolet est aussi celui qui
se fait braquer ». Et le prix du
jury été attribué à Nicolas Sarkozy
pour avoir déclaré à propos de la
candidature de Valérie Pécresse à la
présidentielle : « Ce n’est
pas parce que tu achètes de la
peinture, une toile et des pinceaux
que tu deviens Picasso. Valérie
Pécresse, elle a pris mes idées, mon
programme, et elle a fait 4,8% ».
D’autres
« artistes » ont également
été distingués. Edouard Philippe par
exemple, déclarant à propos de
Mélenchon : « Il faut une
certaine audace pour que quelqu’un qui
a été battu à une élection où il était
candidat puisse penser qu’il sera élu
à une élection où il n’est pas
candidat ». Ou encore Sandrine
Rousseau déclarant « Les SDF
meurent plus de chaleur l’été que
l’hiver ». Ou enfin Richard
Ferrand : « Elizabeth Bornes
est formidable mais personne ne le
sait ».
Bref
ça tire dans tous les coins, vers le
pouvoir, la gauche, la droite… Tiens,
il manque l’extrême droite. Marine Le
Pen ne serait-elle pas drôle ? Ou
est-elle volontairement
épargnée ?

27 Novembre 2022 : Votre femme est trop
bavarde...
La
politique permet parfois de rire un
peu. Depuis le scandale Hanouna (voir
mon billet du 19 novembre) et les
prises de bec et les insultes
permanentes à l’Assemblée nationale,
dues essentiellement au Rassemblement
national et aux Insoumis, les
journalistes rappellent à juste titre
qu’il en fut de pires à différentes
époques de la vie politique française.
Et, depuis quelques jours, circule une
répartie savoureuse.
Un
jour, prononçant un discours, Pierre
Mendès France fut interrompu par un
antisémite qui lui cria :Ta
gueule, le circoncis ». Et
Mendès France aurait répondu :
« Décidément votre femme est
trop bavarde Monsieur ».
Il y a
cependant un problème. Après avoir
bien ri, j’ai cherché à vérifier cette
anecdote. Elle circule partout sur
Internet, mais sans aucune référence
ni indication de date. Je l’ai pour ma
part entendue hier soir dans la bouche
du journaliste Jean-Michel Aphatie sur
une chaîne du service public. Mais je
doute de la véracité de cette
histoire : le personnage assez
austère de Mendès France ne plaide pas
en faveur d’une telle répartie, et
l’on peut donc avoir des doutes sur le
sérieux de certains journalistes.
Autre
chose qui n’a rien à voir. Je parlais
dans mon dernier billet du projet de
loi sur l’interdiction de la corrida
déposé par Aymeric Caron. Il a dû le
retirer, pour cause d’encombrement
dans l’ordre du jour.. C’est ce qu’on
appelle un député dépité.

23 Novembre 2022 : Des souris et des chats
(et aussi des taureaux)
Je ne vous parlerai pas de la coupe du monde (ou coupe immonde) de football. Je ne rien connais au foot, ne regarde jamais de match, et nous savons tous que ce petit confetti bourré de gaz et donc de fric qu’est le Qatar (qu’en revanche je connais un peu, pour y être allé une fois, pas en touriste mais en conférencier) achète tout ce qu’il veut.
Non, je voudrais vous parler de tauromachie. Dans une partie de ma vie, j’ai assisté à des courses de taureaux. J’en connais les nuances, le vocabulaire, la cruauté et la beauté. J’ai cessé d’y assister, mais ne songerais jamais à les interdire. Nous avons tout entendu sur le sujet en quelques jours, depuis que le député mélenchoniste Aymeric Caron tente de faire voter une loi interdisant ces courses. Je l’ai vu souvent naguère, à la télévision, quand chaque samedi soir il tentait avec morgue et mépris de culpabiliser ceux qui n’étaient pas véganes.
Luc Le Vaillant, dans Libération d’hier, a écrit un article remarquable, dans lequel il fait parler un taureau. Ca s’appelle Lamento d’un toro bravo, et en voici la fin (c’est donc un taureau qui parle)
« Paradoxalement, j’ai moins de prévention envers l’un de mes adversaires naturels. Raphaël Raucoule, torero nîmois de 23 ans, surnommé « El Rafi » a été éduqué pour m’embrocher. Risquant sa vie au quotidien et déjà star en son domaine, il vient comme il peut tenter de faire perdurer cet univers que Caron et les siens aimeraient voir englouti sous les flots de la réprobations générale et de la commisération pour des souffrances dont je n’au jamais parlé à personne. Sans doute ma préférence tient-elle aussi au fait que, d’un coup de corne, je peux estoquer El Rafi. Quand jamais Caron n’aura le cran de venir se dresser devant moi, bravache et angoissé, agitant la cape rouge sang que son parti brandit pourtant si aisément ».
Mais si, comme c’est probable, Caron n’arrivera pas à faire passer sa loi (je sais, sans doute pour des raisons de lobbies divers, en particulier celui de la chasse), je lui suggère un autre combat. Interdire aux chats de jouer cruellement avec les souris avant de mettre fin à leur vie et de les bouffer…

19 Novembre 2022 : Problèmes
Il y a sur la chaîne de télé C8 une émission, Touche pas à mon poste, que je n’ai jamais vraiment suivie. J’y suis passé trois ou quatre fois par hasard, en cherchant autre chose, et j’ai été chaque fois frappé par la vulgarité qui y fleurissait. Vulgarité de son animateur, Cyril Hanouna, des membres de l’équipe et du public qui fait un triomphe à ces vulgarités. Problème : l’émission a chaque jour environ deux millions de spectateurs qui semblent donc apprécier cette ambiance particulièrement réac.
Si je ne regarde presque jamais TPMP, j’en entend en revanche souvent parler, comme tout le monde je suppose, car Hanouna a déjà eu pas mal de problèmes pour ses dérapages. Et jeudi dernier, cela a été un feu d’artifice. Résumons : Un invité, le jeune député mélenchoniste Louis Boyard, est venu parler de l’Ocean Viking, ce navire chargé de migrants qui a eu le plus grand mal a trouver un port. Boyard veut expliquer que de riches capitalistes appauvrissent l’Afrique, pillent son pétrole, abattent ses forêts. Et il cite un nom : Vincent Bolloré. Problème (je sais, cela fait trois fois que j’utilise ce mot, mais ce ne sera pas le dernier), problème donc, Bolloré est la patron de la chaîne C8, il est aussi le patron de Canal +, d’Europe 1, d’un certain nombre de maisons d’édition et sans doute bientôt de l’hebdomadaire Paris Match. Et on ne touche pas au patron !
Hanouna devient donc furieux, pète (ou fait semblant de péter) les plombs et se lance dans une série d’insultes : tocard, abruti, bouffon, t’es une merde… Boyard lance qu’on n’insulte pas un élu de la République, Hanouna réplique j’en bats les couilles et, finalement, Bolloré t’a donné de l’argent. Car, problème (cinquième fois), Louis Boyard a été chroniqueur dans cette émission. Quoi ! Un futur député de la France Insoumise chroniqueur dans une émission réac ! Oui, et re-problème, il n’était pas le seul : Raquel Garrido, qui fut un temps porte-parole de LFI et avocate de Mélenchon, a également été chroniqueuse chez Hanouna (donc chez Bolloré) avant de devenir députée. Beaucoup de problèmes (septième fois) donc.
Boyard a quitté l’émission sur les quolibets du public, toujours dévoué au gourou Hanouna, il porte plainte, Hanouna aussi, et l’affaire fait bien sûr fait le buzz, on en parle partout, y compris ici. Une petite précision : durant la dernière campagne présidentielle, l’invité préféré de l’émission (et, d’ailleurs, de toute la chaîne) était Zemmour, et le décor est ainsi planté. Mais si le décor est clair, l’intrigue l’est moins. Tout le monde sait que cette émission est réac, qu’elle défend des positions tirant sur l’extrême droite, mais certains politiques s’y bousculent parce qu’ils savent qu’elle est très suivie par un public qu’ils ne touchent pas ailleurs. Pour ne pas faire de jaloux, citons en deux : Marlène Shiappa, sous-ministre macroniste, et Jean-Luc Mélenchon, qui n’a d’ailleurs pas beaucoup défendu Boyard après ce clash . D’ailleurs il savait où il allait, Boyard, simplement il espérait en sortir vainqueur…
Problème plus large : Hanouna et son émission sont le signe d’un grand changement dans le champ politique à la télévision. Peu ou plus de débats, d’échanges d’idées mais bastonnade médiatique, vulgarité, insultes, et un public ravi qui applaudit à tout rompre, conspue les vaincus (c’est bien connu : vae victis comme on sait, « malheur aux vaincus ») et en redemande. Ca n’est à l’honneur ni de la démocratie ni de la télévision. Problème donc. Tiens, je ne suis pas arrivé à dix…

12 Novembre 2022 : Yasmine Hammamet
Je viens de passer quelques jours en Tunisie, au congrès
des professeurs de français dans les
pays arabophones. Cela se passait à
Hammamet,il ville que je connais
depuis près de soixante-dix ans.
C’était à l’origine une station
balnéaire, dont on disait qu’elle
était surtout fréquentée par
deshomosexuels, mais on parlait
surtout de sa voisine, Nabeul, qui
était, est toujours, la capitale de la
poterie.
Mais le congrès avait lieu à Yasmine Hammamet, un ensemble
développé depuis un peu plus de 20 ans
à dix kilomètres au sud de
l’Hammametde mon adolescence. Il
s’agit d’une sorte de reproduction
d’une médina arabe couvrant 277
hectares, entourée de remparts,
regroupant une cinquantaine
d’hôtels,luxueux pour la plupart, un
centre de congrès (là où j’étais), un
« souk » et un parc où l’on
voit un énorme King Kong, des
éléphants, d’autres animaux,le tout en
plâtre, bref une sorte de Disneyland
donnant aux touristes une version
aseptisée de l’idée qu’ils se font
d’une ville orientale. On
y trouve un café Oum Kalthoum,
présenté comme la reproduction de
celui que la célèbre chanteuse
égyptienne auraitfréquenté au Caire,
une marina et, à quelques kilomètres,
deux golfs. Les hôtels pratiquant
presque tous le « all
inclusive », les restaurants
sontpresque vides, et la nuit les rues
sont vides.
Je suis retourné à ce qu’on appelle « Hammamet
centre », une vrai ville
celle-ci, où j’ai pu acheter des
journaux,introuvables à Yasmine
Hammamet. J’y ai retrouvé une
circulation normale, c’est-à-dire des
embouteillages, une vie normale, des
rues plus ou moins propres, du
bruit,des cris, alors qu’ à Yasmine
Hammamet tout semble nettoyé à l’eau
de javel et qu’on ne voit que des cars
de touristes…
Bref, j’ai participé à un colloque intéressant, mais dans
un environnement qui donne à réfléchir
sur les méfaits du tourisme. Les
avionsdevenant de plus en plus coûteux
et polluant notre terre, on peut
imaginer que bientôt, en France, sur
des terres agricoles délaissées, on
construira descentres de vacances
« comme au Maghreb »,
« comme à Tahiti »,
« comme à l’île Maurice »,
« comme au Sénégal »,
« commeà Rio », à votre
choix… Le Club Méditerranée devrait y
penser. Pour le climat, et pour se
bronzer les fesses, pas de problèmes.
Le réchauffementclimatique devrait y
pourvoir, et si cela ne suffisait pas,
le Qatar, après avoir climatisé la
coupe du monde de football, trouvera
bien une solution… Nous vivons une
époque moderne !

27 Octobre 2022 : Nouvelles
Bonne nouvelle (enfin pas pour vous ni pour moi) : en Grande-Bretagne, avoir été « prime minister » vous donne droit à une retraite d’environ 130.000 euros par an, et ce quel que soit la durée de votre mandature. Ainsi Liz Truss, qui vient d’occuper ce poste pendant 40 jours, peut y prétendre. Elle est pas belle la vie ?
Mauvaise nouvelle pour le peuple tunisien. Robocop (c’est ainsi que certains appellent le président, qui a certes parfois l’air autiste mais se comporte en autocrate) vient de prendre un décret lui permettant de punir de prison ou d’amende quiconque diffuserait « de fausses nouvelles, déclarations, rumeurs ou documents falsifiés » mettant en cause « l’ordre public » ou la « sécurité publique ». L’ennui c’est qu’aucune de ces notions n’est juridiquement définie. Robocop peut ainsi mettre en prison n’importe qui pour n’importe quel motif. Dura lex sed lex. C’est pas beau le pouvoir ?
Bonne ou mauvaise nouvelle pour le peuple brésilien ? Tout se jouera ce dimanche. Lula a devancé Bolsonaro au premier tour, mais avec un écart plus faible que ce que prévoyaient les sondages. Et la situation est très serrée, d’autant plus que le sortant semble prêt à tous les coups fourrés. Elle est pas belle, la démocratie ?

15 Octobre 2022 : Notes canadiennes
Je
viens
de passer quelques jours au Canada,
plus précisément au Nouveau Brunswick,
pour assister à un colloque
sino-canadien passionnant, organisé
par l’université de Moncton et
l’université d’études internationales
de Shanghai. Mais là n’est pas mon
propos. Au cours des cinq ou six
voyages que j’ai faits dans ce pays,
j’ai chaque fois été frappé par une
sorte de surenchère canadienne sur le
grand voisin américain dans le domaine
du politiquement correct.
Je
pense
à des détails, comme par exemple
l’interdiction, sur certains campus,
de se parfumer, car cela peut gêner
des gens (mais rien n’interdit de puer
des pieds), ou à des choses plus
générales, comme le choix sur certains
formulaires où l’on demande votre sexe
entre le « masculin »,
« féminin » ou
« autre ». J’ai ainsi vu des
professeurs s’appliquer à ne jamais
prononcer « jeune homme » ou
« jeune femme » mais
« jeune personne », ou
devoir pour se définir eux-êmes
choisir entre les catégories
« he », « she » ou
« they ». Mais ce qui m’a le
plus frappé est le traitement des
indiens, qu’on ne doit d’ailleurs pas
appeler « indiens » mais
« premières nations »,
adaptation de la formule US
« native americans ».
Chacun
le
sait, les indigènes ont été, du Nord
au Sud du continent, massacrés,
spoliés, méprisés, et la colonisation
européenne les a généralement réduit,
statistiquement, à peu de choses.
Ainsi, dans un énorme pays comme le
Brésil, ils ne représentent plus que
0,4% de la population, et au Canada on
compte que 4% de la population est
d’ascendance indienne. Or, à
l’ouverture du colloque auquel je
participais, un responsable de
l’Université a lu à toute vitesse un
texte officiel déclarant que
l’université de Moncton reconnaissait
que ses trois campus étaient
« situés sur le terres
ancestrales non cédées de Malécites et
de Mi’kmaq », que ces nation
autochtones étaient régis par les
traités de paix signés avec la
Couronne britannique au 18° siècle,
que ces traits n’abordaient pas la
cession des terres et ressources, etc.
(le texte est plus long). S’ensuivaient une
courte cérémonie au cours de laquelle
un couple de Malécites porteurs de
brûle-parfums se tournait vers le
haut, le bas et les quatre point
cardinaux, pour que notre réunion se
passe bien. Quelques jours plus tard,
nous étions confiés à un
« spectacle » : trois
femmes alignées tapaient chacune sur
un tabourin, et quatrième esquissait
quelques pas de danse, toutes chantant
une chanson dans une langue qu’une
seule d’entre elles connaissait un
peu. J’avoue avoir été très gêné. J’ai
vu dans différents pays africains ou
asiatiques ce genre de manifestation
dans lesquelles des peuples dominés,
des cultures en voie de disparition,
étaient ainsi donnés en spectacle aux
touristes, ce qui à mes yeux est la
forme ultime de la colonisation :
l’humiliation. Entre le Club
Méditerranée où, m’a-t-on dit, cela
est fréquent, et l’université
canadienne dont je traite, la
différence n’est pas grande. D’un côté
on satisfait les touristes, de l’autre
on donne bonne conscience aux bobos.
Mais cela ne rend pas aux autochtones
ce qu’on leur a volé.
Pour
finir,
un « petit » détail. J’ai
demandé si les langues de ces membres
des premières nations étaient
enseignées dans le département de
langues. Réponse négative. Mais on m’a
rassuré : le couple porteurs de
brûle-parfums et les quatre chanteuses
étaient payés.

29 Septembre 2022 : C'est la faute à...
Le 21 septembre, je parlais ici de Sandrine Rousseau qui
préparait de façon assez inélégante le
congrès des écolos en s’attaquant à
Julien Bayou. Elle avait quelques
jours avant lancé une bombinette en
expliquant que le barbecue était une
histoire de mecs (sans doute une
contribution théorique à l’
écolo-féminisme) et le communiste
Fabien Roussel avait rétorqué que la
viande que les gens mangeaient ne
dépendait pas de ce qu’il avaient dans
leur slip mais dans leur portefeuille.
Bref Rousseau veut faire parler d’elle à tout prix et place des
peaux de bananes sous les pieds de ses
concurrents pour la première place
dans un micro-parti. Car derrière tout
cela on sent une course au pouvoir
assez nauséabonde. Chez les insoumis
ça grenouille pour prendre la place
d’un Mélenchon qui va bientôt être
renvoyé à ses chères études, et chez
les écolos Rousseau mélangeant
dogmatisme féministe et dogmatise
pseudo écologiste se bat pour prendre
le pouvoir dans un parti qui semble ne
plus exister : pendant ce temps,
les écolos sont singulièrement muets
sur l’écologie. N’ont-ils plus rien à
dire sur le nucléaire ? Sont-ils
paralysés par leurs
contradictions ?
Allez, pour finir sur une note littéraire, il y avait dans le Canard
enchaîné d’hier un dessin représentant S.
Rousseau et, dans une bulle :
« Bayou dans le ruisseau, C’est
la faute à Rousseau ». Pour ceux
qui ont la mémoire courte, Victor Hugo
dans Les Misérables faisait
chanter par Gavroche « Je suis tombé par
terre, c’est la faute à Voltaire, le
nez dans le ruisseau c’est la faute
à Rousseau ».

27 Septembre 2022 : Comparaison est-elle
raison ?
On a beaucoup parlé la semaine dernière de la mort du cinéaste Jean-Luc Godard. Il allait avoir 92 ans, et a tenu à faire savoir qu’il avait décidé de sa mort et avait eu recours au suicide assisté. Il y a deux jours la Suisse a décidé, par une «votation» de prolonger l’âge de la retraite pour les femmes de 64 à 65 ans (c’était déjà le cas pour les hommes). Et j’avais quelques jours auparavant lu dans le quotidien suisse Le Temps que le but était, à terme, de porter l’âge de la retraite à 67 ans pour tous. Deux faits qui n’ont aucun rapport ? Je n’en sais rien.
Il se trouve que l’’actualité politique en France porte actuellement sur deux sujets semblables. Le premier, dont on parle beaucoup, concerne l’éventuelle réforme du système du régime des retraites, et le second, qu’on évoque à peine mais qui va venir sur le tapis concerne la fin de vie et le droit au suicide assisté, ou le droit de mourir dans la dignité. Tous les syndicats refusent qu’on touche aux retraites, et bien sûr quand la question du suicide assisté sera posée, les oppositions, surtout religieuses, vont de déchaîner.
Deux pays voisins, deux démocraties, et deux rapports très différents aux mêmes questions, ou presque. Que faut-il en conclure. Comparaison est-delle raison? Encore une fois, je n’en sais rien. Mais, comme on dit en anglais : Put that in your pipe ans smoke it.

21 Septembre 2022 : Croissance
exponentielle :
Il
est fréquent que le vocabulaire
scientifique passe dans les discours
quotidiens, avec le plus souvent une
sorte de dévaluation sémantique. C‘est par exemple le cas de
l’expression croissance
exponentielle, que l’on entend
souvent mise à toutes les sauces, en
particulier avec le sens de
« croissance rapide ». En
fait, il s’agit d’une croissance qui
débute lentement. Par exemple si une
cellule se divise en deux, puis que
chacune des nouvelles cellules se
divisent à leur tour en deux, on passe
à 4, 8, 16, etc., et on arrive plus ou
moins vite à des chiffres
astronomiques selon le temps que prend
une division. Ainsi, l’augmentation d’
une population humaine est moins
rapide que celle d’une population de
lapins, le temps de gestation de la
première étant de neuf mois et celui
de la seconde d’un mois.
Il
y a exactement une semaine, un petit
article dans le Canard Enchaîné,
presque un écho sans beaucoup de
détails, disait que la femme du député
Adrien Quatrennens, considéré comme
probable successeur de Jean-Luc
Mélenchon, avait déposé une
« main courante » à la
police, dans laquelle elle déclarait
qu’il l’avait frappée. Huit jours plus
tard, on ne peut pas ouvrir un
journal, écouter une radio ou une
télévision, sans en y
trouver un écho, avec d’ailleurs des
articles ou des émissions de plus en plus
longs. Il faut dire que Méléchon a
ajouté de l’huile sur le feu en
critiquant d’abord « la
malveillance policière, le
voyeurisme et les réseaux
sociaux » avant de vanter
le « courage » de
Quatrennens. Sandrine Rousseau en a
d’ailleurs profité pour laisser
perfidement entendre que Julien Bayou,
le secrétaire général de leur parti
commun (Europe Ecologie Les Verts),
était dans la même situation. Petit
détail : le prochain congrès
d’EELV doit se tenir en décembre…
Bon,
laissons
Méléchon de côté, sa tendance à dire
parfois n’importe quoi est déjà
connue. Laissons aussi de côté les
tactiques de Rousseau. Mais il est
vrai que les réseaux sociaux sont un
bouillon de culture, au sens
biologique d’abord, un liquide dans
lequel se développent des microbes, et
au sens courant aujourd’hui, un milieu
dans lequel se multiplient des idées
ou des informations, vraies ou
fausses, et le plus souvent
fausses : c’est d’ailleurs une
bonne définition des réseaux sociaux.
Pour
changer,
ou presque, de sujet, on parle aussi
de décroissance exponentielle,.
Par
exemple, s’il y a dans un tournoi
quelconque 128 candidats, il n’y en aura
plus que 64 au tour suivant, puis 32,
16, etc. pour en arriver à 4, 2, et au
vainqueur. Et cette décroissance
exponentielle est également
fréquente dans la vie publique.
Exemples ? Qui parle encore de
l’affaire Benalla ? Des
nombreuses affaires concernant les
Républicains (Karachi, la Lybie,
Sarkozy)? A vous de compléter la
liste….

15 Septembre 2022 : Ceci n'est pas une pub :
Elle
ne peut pas échapper à ceux qui, comme
moi, regardent surtout les chaînes de
télévision du service public :
une publicité qui passe tous les
jours, avant la météo, puis avant le
journal de 20 heures, en deux parties,
comme une saynète en deux épisodes. On
y voit une famille un peu nunuche. Le
fils, adolescent chevelu peint. Il
peint sans cesse, essentiellement des
fruits et des légumes, parfois
exactement la même nature morte,
réalisée explique-t-il aujourd’hui,
hier, avant-hier, le jour d’avant, et
d’avant encore. La mère le trouve
génial : « C’est
beau ! C’est beau !
Quel talent !» Et lorsque le père
s’énerve elle réplique :
« Mais il crée ! »
Bref, une famille un peu caricaturale,
un peu énervante, comme il doit y en
avoir des centaines de milliers en
France et en Navarre.
Problème :
malgré
ma bonne volonté (enfin, n’exagérons
pas, ma bonne volonté a ses limites)
je ne sais pas ce que veut nous vendre
cette pub. Je comprends qu’il s’agit
de fraîcheur, de produits frais, mais
suis incapable de citer le nom d’une
marque. Et comme il est hors de
question de mettre en cause mes
capacités cognitives (je ne suis pas
très jeune, mais n’exagérons rien),
j’en conclue que la pub est mal
foutue. Ce qui me réjouit. Lorsque le
capitalisme bredouille dans ses
tentatives de nous fourguer je ne sais
pas quoi, il ne faut pas bouder notre
plaisir.
A
moins que… A moins qu’il ne soit plus
malin qu’il n’y paraît. Qu’il donne
dans le surréalisme. Comme Magritte
avec son célèbre tableau, Ceci
n’est pas une pipe, il nous
donnerait à voir quelque chose comme ceci
n’est pas une publicité. Mais
ce serait quoi, alors ? De
l’argent jeté par les fenêtres ?
Ce qui est sûr, c’est que les trois
acteurs, vu leur jeu, n’ont sans doute
pas un grand avenir. Mais il faut bien
qu’ils gagnent leur vie, les pauvres.
Laissons les vivre. Ah tiens !
C’est peut-être ça : une pub
contre l’interruption de grossesse…

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